Publiée le par David-Rouby
Dimanche 18 mai 2025
Retour d’expérience Half Ironman 70.3 Aix en Provence
Natation : 1 900 m, Vélo : 90 km (1 180 m de D+), Course : 21 km)
« Allez, maman ! On s’inscrit ! » s’exclame ma fille Noémie, 19 ans.
« Les inscriptions sont ouvertes, qu’est-ce que tu décides ? », renchérit mon mari David.
Septembre 2024, c’est le début de notre grande aventure ! C’est décidé, en mai 2025, nous participerons au triathlon longue distance, l’Ironman 70.3 d’Aix en Provence. J’ai 8 mois pour me préparer, je sais qu’il va falloir s’entraîner beaucoup dans les trois sports sans oublier la 4ème discipline : l’alimentation. Je sais que je dois mettre l’accent sur les sorties vélo, allonger les distances et travailler les enchaînements ; mais aussi faire des sorties longues en course à pied. Les mercredis après-midi, je ne travaille pas : je vais donc en profiter pour m’entraîner… L’hiver, ce sera natation et course à pied et dès mi-février, vélo et course à pied. Je vais m’entraîner 6 à 7 jours par semaine, en accentuant le week-end puisque j’ai plus de temps.
En octobre, je pars quelques jours en Drôme Provençale, pour ma 1ère ascension du Mont Ventoux et début novembre direction Aix-en-Provence pour repérer le parcours vélo du jour de la course. A noter qu’au 70ème kilomètre, il va falloir que je garde des forces car la montée face à la Sainte Victoire est bien raide… A partir de mi-novembre place au home-trainer. L’hiver arrivant, je vais courir davantage, j’allonge les distances et je décide de participer à plusieurs trails dans la région.
Début 2025, le temps est passé très vite… Il ne me reste plus que 4 mois pour m’entraîner, quelques questions me trottent dans la tête, le stress commence à se faire ressentir : Serais-je prête le jour J ? Vais-je franchir la ligne d’arrivée ? Est-ce que je m’entraîne assez ? Mais il faut que je garde confiance, je maintiens mon cap et continue ma préparation. Vacances d’avril, la 1ère semaine, je décide de participer au stage natation club encadré par Maxime et Marcel. J’enchaîne les séances de natation de 4 000m minimum toute la semaine, tous les jours. Je suis contente de retrouver également mon coach vélo, Hervé, avec qui j’ai fait de nombreuses sorties lorsque ma fille était encore à l’école sur Annonay. J’en profite pour le remercier car Hervé m’a toujours acceptée dans le groupe, il est de très bons conseils, patient et avenant. Je finis la semaine par un chrono sur 2 000 m. J’ai enchaîné toutes mes séances de piscine avec du vélo ou de la course à pied. La 2ème semaine, retour à Malaucène, mais cette-fois ci avec Noémie qui vient de clôturer ses partiels. Le programme est axé en partie sur le vélo : nous effectuerons le grand tour du Ventoux de 100 km le mercredi, avec un enchaînement direct en course à pied, sous une forte chaleur (ça tombe bien, il paraît qu’il peut faire très chaud en mai à Aix…) et nous gravirons le Mont Ventoux, par Bédouin, le lendemain avec Hervé qui nous aura rejoints. Et puis le grand week-end tant attendu n’est plus très loin … j’ai hâte et j’angoisse à la fois…
Veille de course… Je pense à Mohamed qui devait se joindre à nous sur cette épreuve, j’étais sûre qu’il avait toutes ses chances pour décrocher son slot et aller défendre les couleurs du club au Championnat du Monde d’Ironman 70.3 en Espagne. Blessé lors du triathlon de Toulon quelques semaines plus tôt, il devra malheureusement renoncer à prendre le départ. « Il faut que toutes les planètes soient alignées, Laurence. » m’a-t-il dit quelques jours avant l’épreuve. Remerciements et grand clin d’œil pour ce grand champion, si humble et toujours de bons conseils. Je pars au lac de Peyrolles retirer mon dossard et déposer mon sac de chaussures et mon vélo avec Noémie. Je suis ébahie par le grand village de l’Ironman, tout est parfaitement organisé, planifié, beaucoup de bénévoles sont là pour répondre à nos questions. De retour au logement : gros doute…j’ai mal à la gorge…j’essaie de me convaincre que ça va passer, mais le soir arrivant : c’est pire ! Je dors en me réveillant très souvent, ma gorge me fait de plus en plus mal, je n’arrive plus à déglutir : « oh, non ! Pas ça ! ». A 4h12, je ne dors définitivement plus, j’attends que le réveil sonne à 5h00.
Quand la sonnerie retentit, je saute sur mes jambes : « C’est l’heure ! J’y vais, c’est sûr, c’est parti ! ». Juste avant d’arriver au lac, subitement, nous nous retrouvons avec beaucoup de véhicules qui vont dans la même direction que nous. Nous décidons de nous garer environ 1,5 km avant le lac, nous finirons à pied, sac au dos, ce sera l’échauffement. Ça y’est, nous sommes sur place ! J’avale un Doliprane, le temps de poser les gourdes sur nos vélos et c’est déjà l’heure du départ de Noémie. J’embrasse ma fille, je lui souhaite une bonne course, et je lui dis « profite, on se retrouve sur la ligne d’arrivée. ». Je finis d’enfiler ma combinaison avec l’aide de mon mari qui me souhaite à son tour une bonne course, et je me place devant le panneau indicateur 39-42 minutes, vague numéro 5, il est 7h36.
Je regarde autour de moi, je suis entourée de bonnets verts, ce sont les hommes… Ils sont nombreux. J’apprendrais plus tard que nous ne sommes que 320 féminines sur les 2 500 triathlètes au départ. Je porte un bonnet violet, c’est ma couleur préférée, c’est bon signe ! Je me place parmi les athlètes, nous avançons 6 par 6 pour un départ toutes les 7 secondes. Et c’est mon tour ! Je prends une grande inspiration et je m’élance dans les eaux limpides du lac. C’est parti ! L’eau est un peu fraiche mais après quelques mouvements rapides, je trouve ma cadence. La partie natation se passe bien, j’ai de bonnes sensations de glisse, je ne suis pas gênée par les autres concurrents et je ne prends pas de coups. Je sors de l’eau avec l’impression d’avoir bien nagé… Le chrono validera mon effort puisqu’il annoncera 38’53. La transition est très longue jusqu’au vélo, il y a beaucoup de monde qui nous encourage. Je m’équipe tout en avalant une barre de céréales et j’enfourche mon vélo. L’air est très vif et j’ai froid, pourtant je pédale vite sur les premiers kilomètres pour essayer de me réchauffer, mais j’ai vraiment très froid… Mouillée, et avec cet air glacial qui me rentre dans la gorge, je suis quasi certaine d’être malade par la suite, mais tant pis ! Un cycliste me double : « Vivement que le soleil se mette à taper, ça caille… », me dit-il. Je continue de pédaler à mon rythme. Premier ravitaillement, j’attrape un gel au passage. Les bénévoles portent des chasubles avec le mot « gel » ou « barres » pour être facilement identifiables par les sportifs, 1 point de plus à cette organisation, tout est pensé ! Le parcours continue, direction Rians maintenant. Beaucoup de spectateurs sont là pour nous encourager… J’accélère et je poursuis ma route. Après un dernier effort, au pied de la Sainte Victoire, j’attaque la dernière partie du vélo avant l’entrée dans la ville d’Aix en Provence. J’ai bien géré le vélo mais désormais, il me reste le semi-marathon et Momo m’a dit de faire attention, qu’il y avait pas mal de montées… Deuxième transition, je dépose mon vélo et c’est parti pour la course à pied ! Le public est venu en masse et les encouragements sont nombreux, ça me galvanise et j’accélère mon rythme tout en me disant que je pars trop vite, mais je me sens bien et j’ai envie de courir. Au bout du 4ème kilomètre, sur la fin d’une ligne droite montante, j’aperçois ma famille, les encouragements de mon petit club de fans me donnent des ailes. J’arrive au bout de ma 1ère boucle de 7 km lorsque j’aperçois du jaune et un visage familier, c’est Mathieu qui est parti de Malaucène à vélo et est venu jusqu’à Aix-en-Provence pour m’encourager, cela me fait très plaisir ! Un peu plus loin, je reconnais le visage familier de Mohamed qui me crie « Allez Laurence ! ». Lui aussi, il est là, nos deux présidents sont venus : c’est vraiment chouette ! J’entame ma 2ème boucle plutôt confiante, lorsque ma montre bipe le 10ème kilomètre en 1h00, je me dis que mon allure est trop rapide… Fin de ma 2ème boucle, tout d’un coup, en face de moi, j’aperçois du jaune fluo et une fine silhouette « c’est Noémie, c’est ma fille ! », je suis tellement fière d’elle, je crie « Allez Nono ! ». Je me dis qu’elle est probablement sur sa dernière boucle et qu’elle a bientôt fini sa course. Moi il me reste encore plus de 7km. Début de la 3ème boucle, je ralentis, il fait chaud, j’ai un coup de fatigue… Je pense à Momo et à ce qu’il m’a dit… J’attrape un verre de coca au ravitaillement et je prends le temps de le boire en entier. Le sucre m’a fait du bien et me redonne des forces, je continue ma course. La dernière boucle est plus difficile, mais je m’accroche, j’arrive dans le parc en descendant puis j’attaque la montée typée trail en regardant mes baskets « ça va le faire ! Je ne m’arrêterai pas ! ». Je double plusieurs coureurs qui marchent et je m’aide de mes bras « courage ! Tu es presque au bout ! ». Les 2 derniers kilomètres se profilent, « Tu ne lâches rien ! ».
Et enfin… Le tapis rouge et noir de l’arrivée ! Le speaker me tape dans la main tout en m’annonçant. Je profite de ce moment, des applaudissements « j’ai réussi ! Je suis trop contente ! ». J’ai une pensée pour mon papa qui m’a aidée et soutenue dans mon cœur. Je lève la tête pour voir le chrono « 6h37’32 », « waouh ! Super ! ». Je tombe dans les bras de ma fille qui m’attends à l’arrivée « bravo maman ! ». Sentiment de réussite, de fierté, j’ai assuré, qu’elle belle aventure sportive !
Je garderai longtemps tous ces merveilleux souvenirs sportifs dans ma tête, tout était réuni, tout s’est bien passé, tout a été parfait ! Du pur bonheur ! Et puis zut… « Je suis une IronWoman » …
Epilogue
Le soir même, j’ai 39°C de fièvre… Je suis malade… Et j’aurais besoin d’une bonne semaine pour m’en remettre même un peu plus, mais qu’importe : le Half IronMan en valait tellement la peine !